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8 AUTRICES DE MANGA QUE J’ADORE !

Bonjour à toutes et à tous ! Aujourd’hui, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, je vous présente 8 mangaka femmes dont le travail me touche tout particulièrement. Je précise d’entrée de jeu que la liste est évidement non-exhaustive, et que je ne présenterai que des autrices dont j’ai pu lire plusieurs œuvres (puisque pour que je me considère réellement fan d’un artiste, j’ai besoin de l’avoir vu à l’œuvre sur plusieurs terrains).

En dépit de l’influence de grandes figures féminines du manga, qui loin de se cantonner à un aspect du genre (à tout hasard, le shojo), ont grandement participé à redéfinir ses codes en profondeur (je pense Hiromu Arakawa, Rumiko Takahashi, certaines autrices citées dans la suite de cet article et bien d’autres encore), l’univers éditorial de la bande-dessinée, asiatique comme occidentale, reste extrêmement masculin voire masculiniste à bien des égards (il suffit de mettre un pied à Angoulême pour s’en rendre compte). En France, en 2017, sur 307 nouvelles licences (d’après Nautiljion, qui omet quelques ouvrages jeunesse), 158 étaient écrites par des femmes. Un résultat qui peut paraitre relativement correct et paritaire, si toutefois on ne considère pas que ces-dernières se cantonnent bien trop souvent au shojo et au boy’s love (P.S: l’idée n’est pas de remettre en question la légitimité des autrices de shojo ou de BL, mais simplement de mettre en lumière les inégalités au sein du shonen et du seinen). Sur 167 nouveaux shonen et seinen, seuls 49 furent écrits par des femmes (et encore, pour 11 d’entre eux, elles officient aux côtés d’un homme).

Ainsi, l’on observe que les femmes mangaka sont bien souvent plus incitées à écrire des titres qui, au niveau éditorial, ciblent les femmes et touchent relativement peu les hommes (puisque, même aujourd’hui et même en France, à quelques exception près, les shojo fonctionne assez mal auprès du public masculin; et ne parlons pas des boy’s love…). Rappelons par ailleurs qu’en dépit de leur diversité, le shojo et le boy’s love, au-delà d’être des branches très souvent méprisées du manga (pour des raisons évidemment sexistes et homophobes), ont tendance à fonctionner moins bien en terme de ventes (hentai et yuri mis à part…), puisque donc leur public cible est de fait restreint.

Bref, l’objectif de cet article n’est pas de répondre aux problématiques que supposent cette division très genrée du manga (de l’auteur au lecteur) et de la bande-dessinée en général (parce qu’il faudrait que ce soit fait par quelqu’un de plus impliqué que moi, et qu’il y a des dizaines de pistes à explorer, des stéréotypes de genre aux discriminations très présentes dans le milieu de l’édition…) mais simplement de présenter succinctement le travail de grandes mangaka, qui à mon sens, méritent toutes votre attention…

P.S: les autrices seront présentées par ordre de première publication francophone !

P.S 2: la rédaction de cet article s’est faite dans la précipitation. Il se peut que certaines tournures vous paraissent curieuses ou que vous croisiez quelques coquilles: auquel cas, je suis désolé !


  • Kei Toume

Née en 1970, Kei Toume entame sa carrière de mangaka en 1992. Elle ne se fera pas attendre très longtemps chez nous, puisque c’est dès 1997 que les lecteurs francophones pourront la découvrir au travers du seinen fantastique Kuro Gane (anciennement publié chez Glénat et stoppé après 2 volumes…). Véritable touche-à-tout, l’autrice explorera la tranche-de-vie, le drame, le fantastique et l’historique. Son trait délicat, presque triste, imbibe ses œuvre d’une mélancolie et d’une poésie constantes. Quoi qu’elle écrive, elle parvient à me charmer quasi-instantanément. Ses ambiances intimistes, ses univers historiques comme contemporains toujours merveilleusement retranscrits, ses personnages féminins marquants et envoutants: tout en son œuvre me plait !.. et pourtant, ça bide comme pas possible chez nous. Tant et si bien qu’aujourd’hui, hormis son one-shot Luno, disponible chez Kana, aucun de ses mangas n’est encore trouvable dans son intégralité en neuf ! Une autrice à la carrière francophone plus que compromise, donc, malgré un grand nombre d’inédits et un succès qui ne faiblit dans son pays d’origine. Kûden Noise no Himegimi, sa dernière œuvre en date, semble léguer une place d’importance à la musique… je croise les doigts pour qu’un courageux nous la propose au plus vite.

Mon manga préféré:

Sans trop d’hésitation: Les Lamentations de l’agneau !
Publié par Akata/Delcourt entre 2005 et 2006, cette série en 7 volumes revisite intelligemment le mythe du vampire. Son atmosphère moite n’est pas dénuée d’une poésie nostalgique. L’autrice y aborde avec brio des thèmes comme la découverte de la sexualité, l’adolescence, la maladie, la mort, la vie en autarcie… un titre qui n’est pas sans rappeler le récent Happiness, de Shuzo Oshimi, et qui l’a sans doute (un peu, du moins) inspiré.

Ma chronique de sa série Les Mystères de Taisho.


  • Kiriko Nananan

Depuis ses débuts (années 1990), et dès ses premières publications dans la revue Garo dont elle sera l’une des autrices phare, Kiriko Nananan met son esthétisme unique au service d’œuvres intimistes et au fond assez féministes, puisqu’il y est avant tout question de femmes et de sexualités féminines (hétérosexuelles comme homosexuelles). Son style graphique épuré joue sur le contraste fort du noir et du blanc et sur une découpe de l’instant précise et minimaliste au possible. Les mangas de Nananan sont fascinant de profondeur quand bien même leur apparente simplicité rebutera de nombreux lecteurs. Sans nul doute une des plus grandes autrices de la bande-dessinée moderne, elle manie la case comme une déesse.

Mon manga préféré:

blue-nananan-kiriko-2018

Evidemment, Blue.
Blue, c’est la naissance d’un amour entre deux lycéennes. Tout se joue sur les regards, le mouvement. Pudique et intime comme très peu d’autres mangas, Blue est l’une des romances les plus poignantes qu’il m’ait été donné de lire jusqu’ici. Kiriko Nananan, au sommet de son art, y développe une relation criante de vérité, et entraine son lecteur dans un rêve provocateur de multiples émotions, dont il ressort un peu béat. Un chef d’œuvre à (re)découvrir avec la prochaine réédition promise par Casterman et attendue pour le mois prochain !

Quelques lignes sur Blue sont à retrouver ici.


  •  Akino Kondoh:

Illustratrice, sculptrice, animatrice, peintresse, et évidemment mangaka; Akino Kondoh est avant tout artiste. Publiés depuis 2006 par Le Lézard Noir, ses mangas jouent sur les motifs et les contrastes. C’est une autrice de l’onirisme; ses compositions foisonnantes effleurent le surréaliste, voire l’égo-guro (puisque le corps, féminin une nouvelle fois, est un élément central de son œuvre). Imprégnés de son vécu et surtout de ses obsessions (parfois un peu morbides), les mangas d’Akino Kondoh sont très personnels. Un art unique, assurément grandiose. Une mangaka inestimable.

Mon manga préféré:

insectes-en-moi-lezard-noir-2

Après mure réflexion, je dirais quand même Les Insectes en moi. Eiko est tout aussi bon (et je n’ai pas encore lu ses Chroniques New-Yorkaises), mais c’est vraiment dans ce recueil que l’on retrouve le mieux tout ce qui fait la personnalité de son autrice. Des récits comme Kayoko Kobayashi, Une Nuit où je me suis coupé les ongles, Ladybird’s requiem ou Hakoniwa sont vraiment, à mon sens, ce qu’elle a fait de mieux (même si en soi rien n’est à jeter !). Le lecteur se voit plongé dans un rêve (cauchemar ?) d’enfant dont il ne trouvera l’issue qu’une fois l’ouvrage fermé. En conclusion c’est toute l’unité du corps et son identité qui sont explorées et questionnées à travers les nouvelles de ce livre spectaculaire.

« Peut-être que j’essaie de recréer sous forme d’œuvre les cauchemars faits quand j’étais petite. »

Akino Kondoh.


  • Kyokô Okazaki:

Kyokô Okazaki est sans conteste ma mangaka (femme) préférée. Dès le milieu des années 1980, elle s’attaque dans ses récits aux normes oppressives d’une société patriarcale fondamentalement destructrice pour les femmes (et toutes les minorités). Avec Okazaki, il est donc question de femmes qui vont à contre-courant de ce que la société attend d’elles. Bien souvent actives, indépendantes, criminelles et maîtresses de leur sexualité libérée (et encore une fois, pas forcément hétérosexuelle), ses héroïnes subiront les contre-coups d’une société qui rend fou (par exemple, le diktat de la beauté, au cœur d’Helter Skelter), sans pour autant être introduites en victimes impuissantes (certaines se révèleront plutôt superficielles et vicieuses). C’est finalement une nouvelle fois la complexité et la diversité des rapports humains, les difficultés adolescentes, les penchants pervers du monde libéral et l’oppression de la femme qui sont abordés. Inutile de dire qu’elle est une inspiration dont des auteurs comme Asano ne se cachent pas.

Mon manga préféré:

Impossible de n’en choisir qu’un tant la bibliographie de Kyokô Okazaki est riche et constamment excellente (bon, Rock est un peu décevant, mais au-delà…). J’hésite beaucoup entre River’s Edge et Pink, deux œuvres très différentes, mais qui paradoxalement reflètent les mêmes aspirations de l’œuvre de la mangaka. Je vais tout de même rester sur River’s Edge. River’s Edge, c’est l’histoire de trois lycéens: Haruna, battue par son copain mais qui se sent obligée de rester avec; Kozue, qui se force à vomir pour rester belle; et Yamada, jeune homme gay victime de harcèlement. Et aussi d’un cadavre. Un cadavre découvert par Yamada, qui réunira les trois adolescents et les amènera à se confronter pour évoluer. River’s Edge a été mon premier manga de Kyokô Okazaki, et ce que j’ai ressenti à sa lecture, c’est d’abord une profonde jouissance, la même qu’en lisant du Asano pour la première fois, celle qui accompagne la conviction d’être en train de découvrir un auteur qui nous marquera à vie. Et en effet, par sa cruauté, sa poésie, ses dialogues, ses personnages, ses visuels, River’s Edge m’a détruit. Donc lisez River’s Edge, vraiment. L’un des plus beaux mangas jamais écrits.


  • Natsume Ono

Difficile de caser Natsume Ono ici, étant donné que les éditeurs francophones ne semblent pas très enclin à nous proposer le gros de sa bibliographie. Autrice de plus d’une vingtaine de titres (principalement des seinen et des boy’s love), seuls trois d’entre eux auront franchi nos frontières. C’est peu, mais suffisant pour faire connaissance avec l’art unique et les environnements de prédilection de cette grande artiste: le Japon historique, et l’occident contemporain. Son trait, riche en références à l’art traditionnel japonais; ses designs, presque enfantins ou en tout cas très caricaturaux, dégagent une humanité saisissante. Au travers de récits du quotidien, souvent tranquilles et contemplatifs, Natsume Ono aborde une pléthore de thématiques qui nous toucheront tous: l’amitié, la justice, la famille, le devoir, la morale, le pardon, l’abandon etc. Une richesse, tant visuelle que narrative, que je vous invite alors à découvrir !

Mon manga préféré:

Sans trop de peine: Goyô. Ce récit de samouraï résolument unique en son genre jouit d’une palette de personnages tous plus intrigants les uns que les autres. À mille lieux des récits fantasmés sur le Japon féodal, Goyô propose un portrait assez fidèle du Japon d’antan sur toile de questionnements humanistes. Si l’action y est assez minimaliste en dépit de l’illégalité des actions des protagonistes, c’est bien les relations qu’ils tissent ainsi que leurs réflexions identitaires qui seront au cœur de l’intrigue et la rendront palpitante. Juste de bout en bout, Goyô apparait indispensable à tout amateur de graphismes particuliers et de récits historiques.


  • Mizu Sahara

Une autre artiste prolifique dont la bibliographie nous arrive par fragments: Mizu Sahara. En un peu plus de 20 ans, celle-ci se sera essayé au boy’s love et au shojo, avant de se consacrer exclusivement au seinen. La maladresse (qui n’en est en fait pas) de ses tracés fragiles et son traitement humain de thématiques adolescentes l’auront amenée à se forger un solide noyau de fans, au Japon comme en France (plus là-bas qu’ici… mais disons qu’elle a su trouver son public). Davantage connue pour des titres comme My Girl ou Le Chants des souliers rouges, elle a le mérite d’être à l’origine d’un boy’s love fantastique, À l’Unisson, qui, quand bien même inachevé à bien des niveaux, propose un aperçu intéressant de ce à quoi pouvait ressembler les premiers écrits de l’autrice.

Mon manga préféré:

J’en ai déjà parlé à maintes reprises sur le blog alors je serai bref, Le Chant des souliers rouges est de loin ce que je préfère d’elle. L’évolution de ces jeunes garçons qui grandissent ensembles, unis par l’amour commun du flamenco, me touche beaucoup ! Je vous laisse aller lire les articles que j’ai consacré à ce manga pour un avis plus détaillé le concernant !

Ma chronique du tome 1.
Ma chronique du tome 2.
Ma chronique du tome 3.


  • Yoshitoki Oima

Étoile montante du shonen, sa première série, A Silent Voice, a connue un succès monstre dans le monde entier et fut adaptée en long-métrage l’année dernière; je parle bien sûr de Yoshitoki Oima ! Cette jeune mangaka débute sa carrière en 2013 et ne tarde pas à taper dans l’œil de Ki-oon, qui a décidément du flair pour dénicher les nouveaux talents. Son humanisme et sa poésie fédèreront un public aujourd’hui encore grandissant, qui fera de ses deux titres, A Silent Voice et To Your Eternity, de véritables succès critiques et commerciaux ! La richesse de ses récits, la profondeur de ses personnages, la qualité de sa narration et la simplicité de ses dessins font d’elle une autrice à suivre !

Mon manga préféré:

Aucun suspense: To Your Eternity !
Quête initiatique aux portées métaphysiques, ce shonen marquera son époque, assurément. Pour ma part, j’en ai déjà beaucoup parlé sur le blog (et j’en reparlerai tant qu’il faudra), donc je vous laisse vous référer à mes précédentes chroniques si vous êtes en quête d’un avis détaillé et enthousiaste sur la série !

Ma chronique du tome 1.
Ma chronique du tome 2.
Ma chronique du tome 3.
10 raisons de lire To Your Eternity !


  • Asumiko Nakamura

Alors qu’elle est un des piliers du boy’s love moderne, Asumiko Nakamura reste relativement anonyme par chez nous, encore que la récente publication de sa saga Doukyusei lui aura valu quelques nouveaux fans (j’en fais partie). Autrice d’un bon paquet de romances gays, mais aussi de quelques thrillers introspectifs (Utsubora, on t’aura un jour…) et autres bizarreries, ses visuels, reconnaissables entre mille, confèrent à ses œuvres une aura bien à elle. Silhouettes élancées, membres effilés, traits fins et raffinés: ses personnages ont tout pour envouter le lecteur, qui devient vite accro et succombe à l’étrange sensualité de la mangaka !

Mon manga préféré:

C’est pas comme si j’avais le choix, Crazy Affair est sympa sans plus et le reste c’est de l’inédit, donc: Doukyusei, et tout ce qui s’en suit (à savoir Sotsugyosei, O.B, Sora & Hara et Blanc, qui devrait paraitre prochainement). Cette saga, aux antipodes d’œuvres plus rudes et glauques de l’autrice, met en scène une romance lycéenne dans tout ce qu’elle a de plus doux et attendrissant. On s’attache bien vite aux deux protagonistes, mais aussi aux personnages secondaires, davantage mis en avant dans les spin-off. C’est finalement tout un petit univers qui se développe au fil des ouvrages, un univers dont il est bien difficile de ne pas tomber amoureux !

Quelques mots de plus sur le manga.


Voilà tout pour aujourd’hui !
Je ne peux m’empêcher de citer Q-ta Minami (Adieu Midori), Fumiyo Kono (Dans un recoin de ce monde), Yana Toboso (Black Butler), Tsukiji Nao (Adekan), Q.Hayashida (Dorohedoro), Fumi Yoshinaga (Le Pavillon des hommes), Yamaji Ebine (Au temps de l’amour), Setona Mizushiro (L’Infirmerie après les cours), et tant d’autres encore… mais l’article est bien assez long comme ça, alors je m’arrête là !
J’espère vous avoir fait découvrir quelques nouvelles mangaka de talent ! N’hésitez pas à vos préférées en commentaire !
À très vite sur le blog (ou ailleurs…) !

2 commentaires sur “8 AUTRICES DE MANGA QUE J’ADORE !

  1. Bon, ben je ne connaissais que Kei Toume dans la liste. J’étais tombé sur « Déviances » en librairie d’occasions, publié chez Taifu Comics, et j’avoue que ça m’a remué. J’ai tout de suite ressenti cette mélancolie dont tu parles, ce trait presque triste. C’est ses histoires de jeunesses apparemment, et c’est étrange de voir les bon gros thèmes vus et revus traités de façon fine, et côtoyer des histoires dont les sujets sont assez inédits. Je sais que le même éditeur a également publié « Zéro », l’un de ses one-shots, mais j’ai jamais eu la chance de le trouver, pourtant j’ouvre l’œil. Content d’avoir quelques autres titres de l’autrice à chercher !

    Si je peux moi aussi nommer une autrice : Hisae Iwaoka, dont j’ai lu Hana-Bôro édité par Kana dans leur collection Made In. Thèmes classiques du malaise face aux autres, qu’ils paraissent être des individus étranges ou former un groupe homogène, culpabilité face à ses propres limites… le tout dans un contexte scolaire, à chaque fois du point de vue de personnages d’âges et de caractères différents, donc élèves comme profs, et après la lecture de chaque histoire comme l’impression qu’on a abordé un sujet fondamental alors qu’on a eu l’impression de ne parler que de petits détails assez insignifiants dans la vie d’une école.

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    1. Merci pour le partage !
      Les one-shots de Kei Toume, s’ils sont loin d’être représentatifs de l’excellence de son travail, donnent déjà à voir quelques bribes de son univers ! Essaye de te procurer une de ses séries, je pense que ça pourrait te plaire. 😉

      J’adore La Cité Saturne de Iwaoka (j’en ai d’ailleurs fait un article, que tu dois pouvoir retrouver sur le blog !)
      Malheureusement, comme je n’ai lu que ça d’elle (le reste est prévu), je ne pouvais pas la présenter ici (la compétition est rude, trop de talents !)

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