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DÉCOUVERTE MANGA #47 – MORIARTY

L’Angleterre victorienne séduit décidément les mangaka de tous bords, mais aussi le catalogue de Kana, qui, dans la droite lignée de titres comme Black Butler (un de ses plus gros succès) lance cette semaine Moriarty. Le titre éponyme donne la couleur sans tromper, puisqu’il s’agira en effet d’un manga s’inscrivant dans l’univers mythique du célèbre détective de Conan Doyle et faisant la part belle à sa némésis de toujours, le docteur Moriarty. Que donne donc cette étonnante déclinaison dont l’éditeur semble attendre beaucoup ?


Fiche Technique

Auteurs : Ryosuke Takeuchi/Hikaru Miyoshi

Type : Shonen

Genre : Enquêtes/Suspense/Mystère/Historique

Éditeur VF : Kana

Nombre de tomes parus : 1 (5 en cours au Japon)

Prix : 6,85€ (9,90€ pour l'édition collector)

Deux frères orphelins sont accueillis dans la famille Moriarty, grâce aux ambitions cachées du fils aîné Moriarty, Albert. Ce dernier abhorre l’aristocratie à laquelle il appartient et le système social qui régit la société britannique. Albert a vu en l’aîné l’intelligence et le charisme dont il avait besoin pour accomplir son rêve de nettoyer la société de ces « êtres inutiles et sales ». Albert propose de leur offrir sa richesse et son influence à condition que les garçons mettent leur intelligence au service de son rêve. 13 ans plus tard, à côté de leurs activités officielles, les frères Moriarty sont devenus des « conseillers privés ». Avec William à leur tête, ils aident les gens du peuple, victimes d’injustices, à se venger des riches qui les ont fait souffrir.

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Si l’œuvre entend bien profiter de la popularité de Sherlock Holmes et de l’écho qui l’accompagne, il n’est pas une seule fois fait mention du détective dans ce premier volume. Et pour cause, les auteurs prennent le temps d’installer en profondeur les origines du personnage de Moriarty, de ses convictions à son caractère nuancé.

Je garde peu de souvenirs de ma lecture des quelques aventures originales mettant en scène le personnage, mais je ne crois pas me tromper en disant que des libertés sont prises quant à son identité, mais aussi quant à son apparence. Le trait élancé  et filiforme de Hikaru Miyoshi (déjà aux commandes de l’adaptation de Psycho Pass, Psycho Pass – Inspectrice Akane Tsunemori, également publiée chez Kana) confère aux personnages une élégance certaine et sied parfaitement au cadre bourgeois dans lequel prend place le récit. Le docteur gagne en épaisseur et se trouve un combat : la destruction du système de classes et de la hiérarchie sociale qui gangrène l’Angleterre dans son ensemble. C’est une idée des plus excitantes que d’enrichir une mythologie bien connue de tous, celle de l’univers de Conan Doyle, d’un propos social encore plus prononcé que dans les écrits du monsieur, sinon résolument central (malgré quelques légères approximations). Le personnage nous apparait dès lors sympathique de par ses engagements, et j’ai hâte de voir ce que donnera cette inversion des rôles entre lui et Sherlock Holmes, suggérée dès la première scène du volume, dramatique et énigmatique, renvoyant à la fin tragique de Moriarty dans les romans. Toutefois, celui-ci est loin d’être manichéen, et dès son introduction, il est insidieusement présenté comme un homme froid, calculateur, et capable du pire pour atteindre ses objectifs (le voir torturer des bourgeois, c’est assez jouissif). Si on ne peut à proprement pas dire qu’il soit attachant, force est de constater qu’il fait office de très bon anti-héros : mystérieux, cynique, intelligent et engagé (même si sa manière de combattre la bourgeoisie, au cas par cas, plutôt que de mobiliser un mouvement social, et assez curieuse… mais sûrement plus vendeuse).

La lecture de ce premier volume est dense, complète, et captivante. Comme dit plus haut, un soin particulier est apporté à la genèse des protagonistes et de leurs convictions, le premier chapitre de plus de 80 pages étant intégralement consacré à l’enfance de William et ses frères. Si l’on peut craindre que tous ces éléments centraux dans la construction des personnages nous aient été révélés trop tôt, il est évident que les auteurs sauront poursuivre leur développement au travers d’autres pistes plus intrigantes encore. Si William a vraiment vocation à être au cœur du récit, j’attends une plus ample mise en avant de ses frères et des autres personnages introduits en cours de volume dans les prochains tomes.

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J’ai particulièrement aimé l’atmosphère sombre et romantique du titre, agrémentée de légères pointes d’humour qui rehaussent le tout. Porté par de beaux jeunes hommes androgynes et charismatiques, le manga n’est pas sans rappeler Black Butler, comme dit tantôt, qui développe des ambiances et histoires assez similaires (quand bien même, par la suite, les deux récits prendront des chemins bien différents). Si ce premier volume présente, en plus de la phase dédiée à l’enfance des protagonistes, deux courtes enquêtes bien distrayante, j’attends du prochain le développement d’un fil rouge solide, dont on entraperçoit les fondations au fil de la lecture, et qui ne demande plus qu’à prendre de l’ampleur (dès le prochain tome, sans doute).

Visuellement, le trait de la dessinatrice rend honneur à son sujet, et sans jamais trop en faire, amène du dynamisme aux enquêtes par une mise en page soignée qui sait varier ses découpages pour mettre en lumière l’action de la meilleure manière qui soit.

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L’édition de Kana est très satisfaisante, et le soin particulier apporté à ce futur succès est indéniable ! Le volume s’ouvre sur un poster couleur sur papier glacé dépliable, chose assez rare pour un tel prix. Rien à redire sur la traduction, le papier ou l’encrage, c’est du tout bon !


En somme, Moriarty nous offre une introduction des plus réussies, et captive de par son ton romanesque, son élégance naturelle, et la prestance de son anti-héros. Je suis très curieux de voir où tout cela nous emmène..!


Voilà tout pour aujourd’hui !
Ça y est, le BAC est (presque) derrière moi, je vais pouvoir reprendre un rythme de publication plus régulier, et vous donne donc rendez-vous très vite pour de nouvelles chroniques !

3 commentaires sur “DÉCOUVERTE MANGA #47 – MORIARTY

  1. Bon je vais passez outre ta plume excellente, et comme à mon habitude (le plus souvent) je suis en parfaite harmonie avec tes propos. J’attends bien évidemment l’arrivée de notre détective en herbe, mais même si celui-ci reste plus ou moins en retrait, je ne pense pas que cela soit dérangeant.

    Bien évidemment ce petit rappel envers Black Butler n’épargne pas mon petit cœur, faible qu’il est !

    Toujours un plaisir de lire,

    Cordialement,
    Euphox ! 🦊

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