Dans la mangathèque·Manga·Non classé

UN RÊVE POUR L’ÉTÉ – UNDERWATER, LE VILLAGE IMMERGÉ

Prépublié en 2011 dans les pages du Gekkan Afternoon, Underwater – le Village immergé est un diptyque de Yuki Urushibara (Mushishi) proposé aux lecteurs francophones par Ki-oon en 2016, dans leur collection Latitudes.

Par un été étouffant, alors que d’importantes restrictions d’eau frappent le Japon, la jeune Chinami s’évanouit pendant un entraînement d’athlétisme. Mais lorsque la collégienne se réveille, elle se trouve sur les berges idylliques d’une rivière aux eaux cristallines.
Autour d’elle, un village paisible, où seuls vivent encore un vieil homme et un petit garçon. Ce lieu mystérieux, qui lui semble étrangement familier, va petit à petit lui livrer ses nombreux secrets…

En pleine canicule, un peu d’humidité et de fraicheur seraient les bienvenues. La canicule, c’est d’ailleurs ce sur quoi s’ouvre le premier volume de la série, qui nous plonge d’emblée dans un patelin japonais en pleine urbanisation, et en proie à de lourdes vagues de chaleur. L’héroïne, Chinami, y succombe; et alors qu’elle semble s’être évanouie, c’est une atmosphère nouvelle qui éclôt : celle d’un petit hameau de campagne, qui semble appartenir au passé. Tout au long du récit, il sera question pour la jeune Chinami de faire la lumière sur les causes et conséquences des étranges rêves qu’elle subit, qui lui paraissent si réels, et semblent bien l’amener à la rencontre de ses ancêtres

http---www.genkidama.com.br-gyabbo-files-2015-01-Suiiki-2

L’art de Yuki Urushibara se fait l’écho d’un certain romantisme traditionnel et contemplatif, d’une ode à la Nature et aux relations humaines. Dans Underwater, la mangaka explore la généalogie d’une famille éclatée au travers d’un conte onirique hors du temps. C’est d’ailleurs cette scission d’une temporalité traditionnelle, qui se retrouve également dans la narration décousue de la mangaka, qui permettra la réunification des différentes générations de la famille de l’héroïne.

À ce sujet, la symbolique unificatrice et purificatrice de l’eau joue un rôle essentiel dans la perception du récit. La pénurie d’eau accompagne le vague à l’âme de l’héroïne; son abondance, la trouvaille de son identité réconciliée avec ses racines. L’eau représente également la nature en général. L’héroïne est d’ailleurs passionnée de natation; et son village, avec lequel elle est en décalage et qui se bétonne peu à peu, est sujet à la sécheresse. L’eau, fluide, reflète aussi le flou constant entre le rêve et la réalité, lors des songes confus de l’héroïne.

http---www.ilbazardimari.net-wp-content-uploads-c2160

Le manga, au fil des pages, développe une atmosphère intimiste propice aux réflexions intérieures et rencontres tranquilles, adoucie de quelques pointes d’humour et de bons sentiments qui donnent du rythme à la narration. On peine d’abord à saisir une continuité tangible entre les chapitres, et c’est au final la résolution des diverses intrigues familiales et des mystères qui les entourent, savamment narrés au travers de la plume sensible et subtile de l’autrice, qui captivera le lecteur.

Captivant, le manga l’est. Immersif, aussi, de par la profondeur de ses décors, presque mystiques, texturés, tout en crayonnés, foisonnants mais jamais étouffants, car très clairs et éthérés. De plus, la mise en page aérée et la discrétion des dialogues invitent à la contemplation. Le grand format n’est pas de trop pour en profiter, puisque l’on se noie aisément dans certaines planches, tant elles sont imbibées de fraicheur et de vie…

http---www.actuabd.com-local-cache-vignettes-L720xH508-underwater_2-3-726ec.jpg?1468939927

Si le voyage débute au côté de Chinami, chaque personnage rencontré aura droit à une mise en avant particulière et toujours maitrisée avec sobriété par l’autrice, experte dans l’écriture de figures profondes et poétiques. Les liens qui unissent tous les acteurs du récit, ainsi que leur relation étroite et commune avec le village constituent un élément clef de cette tranche-de-vie teintée de drame qui, je l’espère, marquera vos esprits !

6 commentaires sur “UN RÊVE POUR L’ÉTÉ – UNDERWATER, LE VILLAGE IMMERGÉ

  1. Ah, bah j’en avais parlé sur mon blog l’été dernier 😀 (pendant la canicule, justement)

    Et je suis bien d’accord avec ton avis.
    Le seul défaut que j’ai pu trouver au manga, c’est que les personnages se ressemblent quand même un peu, et j’ai parfois eu tendance à me perdre dans qui était qui.
    J’ai préféré Mushishi, mais Underwater est une lecture estivale bien sympa, et une bonne porte d’entrée pour découvrir la mangaka !

    Aimé par 1 personne

    1. Oh ? Rigolo (j’irai lire ton article !). Elle revient tous les ans cette fichue canicule…

      Ah, maintenant que tu le dis… ça ne m’a pas frappé en le feuilletant, mais à y regarder le plus près, et me connaissant, je suis sûr que ça m’a moi aussi perdu à l’époque haha !

      Mushishi, il me le faut…

      Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire