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UNE AVENTURE POUR L’ÉTÉ – LE DERNIER ÉTÉ DE MON ENFANCE

Publié en 2007 dans les pages du Melody (Le Pavillon des hommes) au Japon, Le Dernier été de mon enfance est un one-shot de Shin Takahashi (Larme Ultime, Fragments), initialement paru sous le titre de Tom Sawyer, en version originale. Et ce non sans raison, puisque le manga est une adaptation (très) libre de l’œuvre de Mark Twain, en reprenant les traits mémorables tout en façonnant une histoire au final toute autre mais assez proche thématiquement et dans l’écriture des personnages.

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Haru est une jeune fille dévergondée qui a eu une enfance malheureuse. Elle est traitée comme une paria par les habitants de son village, tous de pieux chrétiens. Un soir, elle assiste avec son ami Taro à un meurtre perpétré par un malfrat du nom d’Odagiri. Ils décident alors de garder le silence et vont chercher à retrouver le mystérieux trésor que ce dernier a caché sur “l’Île maudite”…

Avec les huit pages colorisées sur lesquelles s’ouvre le récit, l’auteur plante avec poésie le décor de son intrigue : un village côtier aux allures d’idylle scintillante, sublimé par les aquarelles brumeuses de l’auteur qui déjà, par la teneur de son entrée en matière, éloigne le manga d’un réalisme trop étouffant, et évoque avec nostalgie l’euphorie de l’enfance. Dès lors, cette atmosphère étincelante, propre à la saison de l’été, ne quittera pas les pages de ce manga qui embarque son lecteur captif dans un voyage aux allures de quête initiatique

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« Mon enfance a débuté le jour de mon retour au village. »

La plupart des œuvres de Shin Takahashi, quand bien même je les aime toutes d’amour, peuvent rebuter de par la densité de leur narration. Aussi, s’y plonger n’est pas toujours facile. Toutefois, ici, l’auteur ménage ses effets et offre une exposition assez classique, qui nous immerge au plus proche de son héroïne, Haru. Dès le premier chapitre sont évoqués son passé trouble et son rapport compliqué au village et à ses habitants. En effet, la jeune fille est en parfaite rupture avec le microcosme qu’elle rejoint, qui la rejette et qu’elle méprise un peu. Les seuls qui semblent bien vouloir d’elle (et réciproquement), ce sont les enfants. De fil en aiguille, Haru se retrouve à passer l’été en leur compagnie, se nouant d’amitié avec l’un d’entre eux, Taro, un jeune garçon dynamique et protecteur. Une seconde chance pour la jeune fille d’entrevoir une enfance heureuse…

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L’écriture des personnages, qui se développent tout au long du récit, est pour moi la grande force de cette œuvre qui regorge d’émotion et d’humanisme. Bien vite, une routine s’installe, et le lecteur, bercé par la candeur de la petite bande d’enfants farceurs, leur malice, leurs caractères pleins et vifs, les accents de romance qui émergent, ne s’en voit que plus déstabilisé quand l’horreur survient finalement. Mais ne vous y trompez pas, le manga ne vire pas au slasher, et le drame est traité avec sobriété, sans d’ailleurs réellement altérer le ton de l’œuvre. La mise en scène reste très burlesque, mais c’est au sein des personnages de Haru et Taro qu’une rupture a lieu. Le secret du drame les amène à reconsidérer leur relation et amorce leurs aventures douces-amères, pleines des frissons de l’enfance

La rudesse des thèmes abordés, principalement au travers des introspections de Haru qui apportent une touche plus mature au récit, tranchent assurément avec les designs mignons et enfantins du mangaka, ainsi qu’avec la naïveté de la plupart des personnages. Les péripéties s’enchaînent à mesure que les mystères de l’île se dévoilent, des mystères dont la résolution vient sans troubler la douce monotonie mélancolique de l’histoire (qui en lassera certains, en séduira d’autres).

L’enfance heureuse ainsi vécue le temps d’un été, Haru est finalement celle qui ressort la plus grandie de ces aventures, et peut enfin aborder pleinement sa vie d’adulte. Un récit construit comme un roman d’apprentissage, empreint de nostalgie et d’émotion.

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Le Dernier été de mon enfance est donc une œuvre touchante, dont l’atmosphère estivale fait tout le charme. Une lecture de saison s’il en est, à lire en été !

2 commentaires sur “UNE AVENTURE POUR L’ÉTÉ – LE DERNIER ÉTÉ DE MON ENFANCE

  1. J’avais lu le manga à sa sortie et beaucoup apprécié, mais je n’en ai paradoxalement aucun souvenir (je l’ai relu quelques années plus tard et ça m’a fait pareil). À voir si, avec une troisième relecture, il s’inscrira un peu plus dans ma mémoire ! (l’avantage d’une mémoire de poisson rouge : le plaisir de la relecture est amplifié)
    Comment c’est, Larme Ultime ?

    Merci pour la sélection estivale, chouette idée d’articles !

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    1. J’ai moi aussi dû le reparcourir (voire le relire en diagonale) pour pouvoir écrire dessus… globalement je me rends compte, et c’est un peu triste, que j’oublie assez vite le scénario des mangas que je lis (mais j’en garde les émotions, c’est sans doute bien aussi).

      Larme Ultime… horrible. Mais génial. Mais à ne surtout pas lire si ça va mal. Un pur chef d’œuvre de poésie, au propos engagé et à l’imagerie sublime. J’en parlais (il y a longtemps, et pas très bien…) ici : https://jagaimangablog.wordpress.com/2017/09/12/14-romances-pour-la-saint-valentin/

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